Les coupes budgétaires drastiques du gouvernement américain ont plongé une grande partie du secteur de la santé mondiale dans un climat de peur et d’incertitude Autrefois fleuron de la politique étrangère américaine et évaluée à quelque 12 milliards de dollars par an, la santé mondiale a été reléguée au second plan dans un département d’État réorganisé autour de l’agenda « America First » Quelle que soit l’issue de la crise actuelle, très différente de ce qu’on a connu par le passé Ayant passé 25 ans de ma carrière dans le domaine de la santé mondiale et des droits de l’homme, et enseignant aujourd’hui cette matière à des étudiants de deuxième cycle en Californie, je suis souvent interrogé sur la possibilité, pour les jeunes, d’espérer un avenir dans cette filière Ma réponse est un oui retentissant Plus que jamais, la santé mondiale a besoin de l’engagement, de l’humilité et de la vision de la nouvelle génération, afin de ne plus être tributaire des aléas politiques d’un seul pays Et plus que jamais, je suis convaincu que cela est possible Pour comprendre d’où vient mon espoir, il est important de rappeler ce qui a conduit l’engagement des États-Unis dans la santé mondiale à la situation critique dans laquelle il se trouve aujourd’hui Et comment une réponse historique à des maladies spécifiques a paradoxalement rendu les systèmes de santé africains vulnérables Il y a plus de vingt ans, le domaine de la santé mondiale tel que nous le connaissons aujourd’hui est né de la riposte internationale au VIH/sida, l’une des pandémies les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité Cette maladie touchait principalement les personnes en âge de procréer et les bébés nés de parents séropositifs La création du Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (Pepfar) en 2003 était à l’époque le plus grand programme bilatéral jamais mis en place pour lutter contre une seule maladie Il a redéfini la santé mondiale pour les décennies à venir, avec les États-Unis au centre Même si les donateurs et les enjeux se sont multipliés au fil des ans, le domaine est resté marqué par ses origines : le leadership américain dans la lutte contre le VIH/sida Le Pepfar a placé les pays africains dans une situation d’extrême dépendance vis-à-vis des États-Unis Nous en voyons aujourd’hui les résultats, et ce n’est pas la première fois La crise financière mondiale de 2008 avait déjà réduit l’aide au développement dans le domaine de la santé, ce qui avait suscité une nouvelle réflexion sur le financement et la mobilisation des ressources nationales Pourtant, les États-Unis ont continué à financer la lutte contre les maladies en Afrique par le biais de contrats importants avec des universités et des organismes américains Cela se justifiait par l’urgence du problème, le renforcement des systèmes de santé africains grâce au Pepfar et le devoir moral du pays le plus riche du monde Avec la montée du populisme de droite et les effets polarisants de la Covid-19, la santé mondiale allait être considérée par de nombreux Américains comme une « affaire d’élites » Pendant la pandémie, on a opposé à tort santé publique et économie Pour les experts, c’est pourtant l’inverse : une population en bonne santé est la condition d’une économie solide Cette incompréhension a éloigné une partie de l’opinion des recommandations sanitaires des experts L’impératif de « vacciner le monde » et de jouer un rôle de premier plan dans la sécurité sanitaire mondiale ne bénéficiait pas d’un soutien suffisant au niveau national Cet appel à la vaccination n’a pas pesé lourd face aux priorités monopolistiques de l’industrie pharmaceutique, l’isolement et les inquiétudes économiques de millions d’Américains Ce contexte a préparé le terrain pour le retrait brutal de l’Amérique de la santé mondiale au début de l’année 2025 Lorsque le Département de l’efficacité gouvernementale (Department of Government Efficiency) a visé l’USAID, beaucoup considéraient la santé mondiale comme un vestige de la réponse initiale au VIH/sida, comme une excuse pour permettre à d’autres gouvernements de réduire leurs dépenses de santé, ou encore comme un secteur réservé à une élite Une cible facile que la Maison-Blanche ne pouvait ignorer C’est pourtant là que réside l’espoir Née autour d’une seule maladie, façonnée par le soft power américain et portée par un cercle restreint d’experts, la santé mondiale a aujourd’hui l’occasion de se réinventer en profondeur On pourrait voir naître un nouveau pacte sanitaire mondial, où les gouvernements africains bâtiraient eux-mêmes des systèmes de santé robustes, avec une communauté internationale présente en soutien discret Pour établir un nouveau pacte mondial pour la santé en Afrique, le premier changement doit consister à passer de la lutte contre quelques maladies précises à l’objectif de garantir, pour chacun, la santé et le bien-être tout au long de la vie Plutôt que de laisser les systèmes de santé se définir uniquement par la réponse au VIH/sida, à la tuberculose ou au paludisme, l’Afrique doit développer des systèmes intégrés qui privilégient : les soins primaires, qui rapprochent les services répondant à la plupart des besoins de santé des communautés la promotion de la santé, qui permet aux individus de prendre en main tous les aspects de leur santé et de leur bien-être les soins de longue durée, qui aident tous les individus à fonctionner et à maintenir leur qualité de vie tout au long de leur existence Aucune tendance mondiale ne rend ce changement plus urgent que le vieillissement de la population Ce phénomène, lié à l’allongement de l’espérance de vie et à la baisse de la fécondité, touchera tous les pays Bientôt, la proportion de personnes âgées dépassera celle des enfants Les sociétés auront alors besoin de systèmes de santé intégrés, capables d’accompagner les patients dans la gestion de plusieurs maladies à la fois Elles n’ont pas besoin de programmes fragmentés, sources d’avis médicaux contradictoires, des interactions médicamenteuses dangereuses et une bureaucratie paralysante Le temps presse pour opérer ce changement en profondeur Deuxièmement, il est nécessaire de réorienter les relations entre les pays à faible revenu et les pays à revenu élevé vers un investissement commun au service des besoins locaux Cela commence à se produire dans certains endroits , et cela exigera des sacrifices plus importants de la part de toutes les parties Les gouvernements à faible revenu doivent consacrer une plus grande part de leur PIB aux soins de santé Cela suppose de s’attaquer aux nombreux facteurs qui entravent la redistribution des richesses, de la corruption à la dette, en passant par l’absence de fiscalité progressive Les États-Unis et les autres pays à revenu élevé doivent payer leur juste part, tout en partageant les décisions sur la manière dont les biens publics mondiaux – vaccins, surveillance des maladies et professionnels de santé – sont répartis et distribués dans un monde interconnecté Troisièmement, il est nécessaire de changer le discours sur la santé mondiale dans les pays riches tels que les États-Unis, afin de mieux répondre aux préoccupations des électeurs hostiles à la mondialisation elle-même Cela signifie qu’il faut répondre aux craintes réelles des citoyens qui pensent que les mesures de santé publique leur coûteront leur emploi, les obligeront à fermer leur entreprise ou favoriseront les intérêts de l’industrie pharmaceutique Il faut justifier la santé mondiale en des termes auxquels les gens peuvent s’identifier et adhérer, c’est-à-dire aider à sauver des vies sans assumer la responsabilité des systèmes de santé d’autres pays Cela passe par des alliances improbables entre ceux qui croient au leadership des pays dits du Sud et ceux qui ont une vision plus isolationniste du rôle de l’Amérique dans le monde Ne vous y méprenez pas Je ne compte pas sur cette administration américaine, ni sur aucune autre, pour réinventer la santé mondiale en des termes plus adaptés aux tendances actuelles en matière de maladies, plus équitables entre les nations et plus pertinents pour les électeurs américains Mais je ne le souhaite pas non plus Pour créer la santé mondiale de demain, le leadership ne doit pas venir uniquement des États-Unis, mais plutôt d’un engagement commun de la communauté des nations à donner et à recevoir en fonction de leurs capacités et de leurs besoins Et c’est là une vraie source d’espoir Originally published on The Conversation All Zim News is a central hub for all things Zimbabwean, curating news from across the country so no story is missed Alongside aggregation, our team of nationwide reporters provides real-time, on-the-ground coverage Stay informed and connected — reach us at admin@allzimnews.com . Source: Theconversation
Image from Le système de santé mondial peut se reconstruire après la réduction de laide américaine voici comme